Posters commentés

1 . Intérêt de la transfusion de granulocytes dans les infections sévères chez des immunodéprimés suivis pour une hémopathie : expérience du service d’hématologie des Hospices Civils de Lyon sur une période de 5 ans.

J. Fattoum, G. Cannas, K. Malki, M. Dubost, D. Rigal, M. Michallet

Cent quarante-cinq concentrés de granulocytes obtenus par aphérèse (CGA) ont été transfusés chez 37 patients immunodéprimés (médiane d’âge : 54 ans). Tous les patients ont été hospitalisés en secteur protégé et en aplasie (neutrophiles < 0,5 G/L) lors des transfusions de CGA. Trente patients présentaient une LAM, 4 un syndrome myélodysplasique, 1 une LAL, 1 pour une LMC et 1 un sarcome. À l’initiation des transfusions de CGA, tous les patients présentaient une infection sévère malgré une antibiothérapie prophylactique (27 patients) et un traitement empirique antibactérien (27 patients), antiviral (9 patients) et/ou antifungique (13 patients). Cliniquement, 11 patients présentaient une cellulite périnéale, 6 une cellulite de la face et/ou du cou et 10 une cellulite d’un membre (secondaire à un panaris, une ulcération cutanée ou des nodules de fusariose), et 8 une septicémie, 1 une pansinusite et 1 une infection péritonéale non contrôlée. Vingt-sept cas ont été documentés : E. coli (9), staphyloccoque coagulase negatif (6), Pseudomonas aeruginosa (5), Fusarium (3), Candida albicans (2), virus respiratoire para influenzae (1), Steptophomonas (1). Dans 10 cas, aucun agent infectieux n’a été retrouvé. Le nombre de CGA par patient variait de 1 à 10 culots (médiane : 3). Neuf patients ont également eu recours à un geste chirurgical (6 mises à plat, 1 ablation de PAC, 2 drainages cutanés), 18 ont reçu des facteurs de croissance et 8 une corticothérapie. Aucun effet indésirable liés aux CGA n’a été rapporté. La médiane de durée d’aplasie était de 27 jours (10–120) pour une médiane de durée d’hospitalisation de 39 jours. L’infection a été totalement maîtrisée dans 70 % des cas. Deux patients sont décédés. La transfusion de CGA représente un complément thérapeutique utile dans un contexte infectieux sévère chez les immunodéprimés. Son indication doit cependant rester limitée aux formes majeures et, une fois initiée, doit être répétée jusqu’à la maîtrise de l’infection.

2 . Impact des nouvelles stratégies thérapeutiques dans l’épargne transfusionnelle au cours de l’hémorragie du post-partum.

C. Chapellas, S. Ponsonnard, J. Cros, A. Vincelot, M. Delhoume, N. Nathan.

Introduction.Récemment, le rôle pivot du fibrinogène et de la fibrinolyse a été mis en évidence dans la sévérité de l’hémorragie (1). Notre protocole de prise en charge des hémorragies du post-partum (HPP) comprend l’administration précoce de fibrinogène et d’acide tranexamique (AT) après la sulprostone. Cette étude rétrospective comparant la période 1 : 2000–2004 et la période 2 : 2009–2011 avait pour but la mise en évidence d’une épargne transfusionnelle.

Méthodes. Les patientes ont été sélectionnées à partir du dossier obstétrical informatisé, des données SIME et de l’hémovigilance. L’HPP était définie par une perte sanguine > 500vmL en cas d’accouchement par voie basse, et 1000 mL en cas de césarienne, dans les 24 h suivant l’accouchement. L’HPP grave était définie par le recours à une transfusion > 4 culots globulaires (CG) ou à une technique d’hémostase chirurgicale ou radiologique. Les données entre les 2 périodes ont été comparées par test de Fischer ou par ANOVA (moyenne ± ET) avec p < 0,05 pour seuil de significativité.

Résultats. Nous avons observé une épargne transfusionnelle dans le groupe de parturientes nécessitant une transfusion (p < 0,0001). Les pertes sanguines étaient également moindres (p < 0,0001). L’incidence de l’HPP avait augmenté entre les 2 périodes (p < 0,0001), celle des formes graves était restée stable (p = 0,15), ainsi, en proportion, l’incidence des HPP graves avait diminué (32 % vs 26 %, p = 0,02). L’incidence des coagulopathies biologiques en cas d’HPP (31,2 % vs 26,3 % p = 0,04) et d’HPP grave avait diminué également (62,7 % vs 48 %, p = 0,03). La proportion de transfusions massives ≥ 4 CG était passée de 21,9 % à 14,9 % (p = 0,015).

Discussion. Une épargne transfusionnelle et une réduction des pertes sanguines calculées sont observées chez les transfusées. L’incidence des coagulopathies et de la transfusion massive diminue également. L’utilisation plus large d’AT et/ou de fibrinogène associée au respect des recommandations (2) pourrait expliquer ces résultats.

3 . Cas d’une grossesse à risque hémorragique de groupe sanguin rare GE : –2 et immunisée : risque d’impasse transfusionnelle et stratégie de la prise en charge à l’Hôpital Femme–Mère-Enfant (HCL).

P. Bricca, E. Guinchard, F. Meyer, L. Garin, M. Doret, D. Chassard, P. Gaucherand

Une patiente de phénotype rare public négatif GE : –2 et présentant des anticorps anti-GE2 (titre 16) a été hospitalisée à 28 SA pour métrorragies sur placenta praevia lors d’une grossesse gémellaire. L’hémoglobine était initialement à 85 g/L et le risque hémorragique jugé majeur en fin de grossesse et à l’accouchement. La BNSPR (Banque Nationale de Sang de Phénotype Rare) à Paris n’avait qu’un seul donneur GE : –2 phéno-compatible, avec un stock limité d’unités disponibles et un délai d’obtention des poches de 6 à 10H incompatible avec l’urgence. Deux sœurs étaient compatibles avec la patiente et ont été prélevées pour un don dirigé intra-familial. Un traitement par EPO + Venofer a été instauré à 30 SA et 34 SA pour répondre à deux objectifs : augmentation du taux d’hémoglobine et prélèvement de poches d’autotransfusion. En effet, la stratégie transfusionnelle respectant l’immunisation détectée comprend 3 axes : auto-transfusion, don dirigé intra-familial et sollicitation de la BNSPR. Après deux cures d’EPO + Venofer, 2 prélèvements d’auto transfusion (#350 mL) à 33 et 35 SA ont pu être réalisés en dehors de l’EFS, dans le service hospitalier, en raison des risques obstétricaux (dérogation aux circuits normaux).

La patiente a été césarisée à 36 SA sans aucun besoin transfusionnel, sans nécessité de cell-saver (taux d’Hb de sortie = 111 g/L). Les 2 CGR d’autotransfusion ont été congelés à la BNSPR et les 2 CGR irradiés issus de la fratrie n’ont pas pu être congelés.

Ce cas est l’illustration d’une prise en charge transfusionnelle d’une femme enceinte de groupe rare et immunisée ayant fait intervenir de multiples acteurs et plusieurs techniques pour constituer un stock de CGR compatibles afin de ne pas se trouver en situation d’impasse transfusionnelle.

4 . Sécurisation de l’identification du patient lors de la transfusion extra-hospitalière par le SAMU.

C. Corbeau, E. Allain, P. Bourrigan, M. Peano, C. Mandeville, A. Damais-Cepitelli.

Introduction. L’objectif de ce travail était de simplifier et de sécuriser la transfusion extra-hospitalière, geste occasionnel effectué par le SAMU, grâce à l’élaboration d’une procédure comprenant l’attribution par la cellule d’identito-vigilance (CIV) d’une identité provisoire et d’un numéro d’identification. Les déterminations de groupe prélevées par le SMUR avant transfusion peuvent ainsi être utilisées de façon sécurisée pour le suivi transfusionnel une fois l’identité rétablie.

Méthode.

  • Rédaction d’un protocole entre SAMU, EFS et hémovigilance validé par le CSTH ;
  • établissement d’un kit SAMU d’identification comprenant :
  • * 2 tubes EDTA 6 mL ;
  • * 1 bracelet d’identification ;
  • * 2 bons d’examens immuno-hématologie spécifiques SAMU ;
  • * des étiquettes avec une identité provisoire établie (création anticipée par la CIV de dossiers SAMU) :
  • NOM : SMURLH… (no en lettres) ;
  • Prénom : … (même no en lettres) ;
  • Sexe : I (indéterminé) ;
  • Date de naissance : 01/01/01 ;
  • Numéro d’Identification Permanent :
  • Création d’une ordonnance spécifique SAMU (3 CGR O-) ;
  • Création de bons d’examens immuno-hématologie SAMU ;
  • Formation de 2 heures par l’hémovigilance du personnel paramédical du SAMU (38 personnes) pour se familiariser avec les protocoles et rappeler les bonnes pratiques transfusionnelles ;
  • Exercice de simulation lors d’une intervention SMUR pour tester le fonctionnement à renouveler annuellement.

Conclusion. Durant la première année d’application, une transfusion extra-hospitalière a été réalisée conformément au protocole établi. La traçabilité a été correctement remplie et rangée dans le dossier transfusionnel du patient. Une formation continue des équipes du SAMU est programmée régulièrement.

5 . Informatisation du document de groupage sanguin pour les unités de soins au CHU d’Angers.

D. Poirier-Caruso, E. Mougey-Sy, M. Le Bras, J.L. Guillocheau, F. Boyer.

Au CHU, nous disposons depuis 1995 d’une traçabilité entièrement informatisée des PSL. Cette traçabilité est sécurisée par la confrontation informatique de deux codes-barres : l’identifiant patient CHU et l’identifiant patient EFS sur la carte de groupe sanguin. Nous n’utilisons donc que les cartes de groupe éditées par l’EFS.

Un problème récurrent est l’indisponibilité de cette carte dans le dossier patient dans diverses situations :

  • transfert d’unité de soins ;
  • dossier médical archivé ;
  • document en attente de validation.

Les conséquences sont :

  • des groupages multiples ;
  • des groupages en urgence favorisant les prélèvements non conformes ;
  • l’utilisation de la procédure de transfusion en urgence vitale immédiate pour un patient déjà groupé. L’hémovigilance et le service informatique ont développé un document de groupage sanguin informatisé à partir des données immuno hématologiques transmises informatiquement par l’EFS.

Nous avons effectué plusieurs tests comparatifs entre la maquette informatisée et la carte de groupe papier pour vérifier :

  • l’intégration correcte des données d’identité patient et de groupe sanguin ABO Rhésus Kell ;
  • la lisibilité des codes-barres pour permettre la traçabilité des PSL par l’outil optique. Quatre unités de soins sélectionnées sur leur activité transfusionnelle régulière ont validé l’utilisation de cette maquette de la délivrance des PSL jusqu’à la traçabilité sans rencontrer de difficulté. Une information sur l’accès au document et ses règles d’utilisation a été délivrée au personnel médical et soignant avant déploiement.

Les problèmes de disponibilité de la carte de groupe et la demande des cliniciens ont permis d’insérer dans le dossier patient informatisé un document de groupage sanguin fiable et accessible pour tout patient connu au CHU. Son intérêt sera évalué sur le suivi des groupages multiples et la satisfaction des utilisateurs.

6 . Allo-Immunisation anti-érythrocytaire et anti-HLA : conséquences.

C. Chabrières, P. Ladaique

Étude rétrospective portant sur la prévalence de l’Allo-Immunisation anti-érythrocytaire et anti-HLA chez les patients de l’Institut Paoli-Calmettes en Oncologie et Onco-Hématologie, de 2005 à 2013. Au total 21 758 patients ont été dénombrés et analysés. Dans cette population, 712 patients ont une recherche d’anticorps anti-érythrocytaires positive, soit 3,27 % des patients. Nous recherchons la spécificité des anticorps détectés et leur caractère Allo-ou Auto-Immun. Parmi ces 712 patients, 30 ont également une Allo-Immunisation HLA, soit 4,21 %. Est-il possible d’établir un lien entre les deux types d’Allo-Immunisation ? Quelles sont les conséquences transfusionnelles à établir ? Peut-on définir une stratégie diagnostique avec recherche systématique d’Anticorps anti-HLA chez les patients Allo-Immunisés dans le système érythrocytaire ? Quelle attitude thérapeutique pour les transfusions de concentrés plaquettaires chez ces patients ?

7 . Évaluation des pratiques professionnelles – Groupage sanguin.

A. Bazin, V. Bailly, E. Bidart, M.J. d’Alche Gautier, M. Divier, J. Dupeyrat, J. Houdayer, B. Houllier, N. Lamare, C. Le Roux, V. Mrukowicz, M. Dupuis, C. Guesnon, I. Hervé.

Introduction. Dans le cadre du suivi de 4 fiches d’incident grave de la chaîne transfusionnelle déclarées en 2013, relatives à des erreurs d’identification du patient lors du groupage sanguin, une évaluation des pratiques professionnelles (EPP) a été initiée en 2014. Les outils et résultats du 1er tour mené en secteur d’urgences sont présentés.

Matériel et méthodes. L’EPP, menée par audit clinique ciblé rétrospectif (méthode de la Haute Autorité de santé), a porté sur 30 demandes de groupe sanguin ABO ph Rh K adressées à l’EFS en mars 2014, dont l’étude a permis d’établir la conformité du groupage au regard de 10 critères relatifs au remplissage du bon et des réponses à 6 questions relatives au contexte du patient (pathologie, urgence…). L’analyse a été réalisée par les responsables médicaux et infirmiers des urgences et de l’Hémovigilance, d’après les données du dossier des patients concernés par les bons sélectionnés.

Résultats. Parmi les 30 bons étudiés, 14 constituent une demande unique de groupe, tandis que 16 regroupent les doubles déterminations, demandées pour 8 patients.

Si 6 critères sont conformes dans 90 % des cas, seuls 23 % des groupages le sont, taux porté à 63 % en excluant le critère de mention du prescripteur, présente sur 60 % des bons.

La prescription du groupe est retrouvée dans 90 % des cas, tandis que la case d’urgence du bon n’est jamais cochée bien qu’elle aurait dû l’être dans 17 % des cas.

La conformité du groupage des 8 demandes de 2ème détermination chez le même patient tombe à 13 %, notamment en raison de l’inexactitude du préleveur indiqué.

Discussion et conclusion. Au cours de la réunion de présentation, des résultats ont notamment été décidés de mieux cibler les indications de groupe (14 % des patients transfusés au cours des 6 h après groupage), mieux remplir les bons et réaliser la 2ème détermination dans le futur service du patient, en l’absence d’urgence chirurgicale ou transfusionnelle. Un 2ème tour est prévu en 2014 afin d’apprécier l’application de ces mesures.

8 . Amélioration de la qualité de prise en charge de l’hémorragie du post-partum au sein d’une maternité de niveau 2.

M. Carlier, B. Henon, B. Atanasov, U. Cubuk, Z. Chahbaz, H. Ben Nasr, M. Aumersier, F. Chardain, P. Berger

Objectifs. Amélioration de la prise en charge de l’hémorragie du post-partum (HPP) au sein d’une maternité de niveau 2 approvisionnée en produits sanguins labiles par un dépôt de délivrance.

Matériel et méthodes. Le signalement par l’équipe paramédicale du bloc obstétrical (Sages-femmes et IADE) de retards transfusionnels et du mauvais vécu de la gestion d’hémorragie du post-partum chez 2 patientes a conduit l’équipe médicale à s’interroger sur ses pratiques. L’analyse des dossiers a été pratiquée selon la méthode Alarm dans le cadre d’une procédure HAS de RMM.

Résultats. Elle a principalement mis en évidence l’obsolescence des procédures en cours comparativement au référentiel de prise en charge des HPP éditées par la SFAR, favorisée par le sous-effectif médical anesthésique (58 % de postes occupés), les difficultés de communication interdisciplinaire et la problématique de la prise en charge de l’HPP dans le cadre d’un dépôt de délivrance.

Propositions. Des mesures d’amélioration de la prise en charge ont été mises en œuvre tout au long du parcours de la parturiente, depuis la consultation d’anesthésie du 8e mois jusqu’au post-partum, avec révision de la procédure institutionnelle de prise en charge de l’HPP, en collaboration avec le CSTH de l’établissement. La formation du personnel par simulation sur mannequin a été formalisée. Les résultats de l’analyse et des mesures mises en œuvre seront détaillés dans la présentation.

9 . Mais où est donc passée la carte de groupe de mon patient ?

J.Y. Py, T. Jutant, C. Mouchet, F. Dehaut

Introduction. La connaissance du groupe sanguin d’un patient devant être transfusé est un élément majeur de la sécurité transfusionnelle. Elle passe par la détention de sa carte de groupe « papier ». Ce document tend hélas à manquer quand on en a besoin, ce qui conduit à le refaire abusivement. Nous avons voulu évaluer cet abus.

Matériel et méthode. L’étude a porté sur les groupages ABO (ABOg) réalisés en 2013 par tous les laboratoires de l’EFS Centre-Atlantique pour le compte des seuls établissements de soins lui confiant l’ensemble de leurs examens immuno-hématologiques, hors ABOg réalisés chez des nouveau-nés.

Résultats. Un total de 133 885 ABOg a été réalisé pour 74 242 patients, soit une moyenne de 1,8 par patient. Cette moyenne est de 2,1 par patient transfusé en 2013 et de 1,5 par patient non transfusé. Un seul ABOg a été fait chez 36,6 % des patients groupés, et deux chez 52,7 %. Il reste donc 10,7 % des patients groupés qui l’ont été plus de deux fois dans l’année, soit 12610 ABOg « excédentaires » (9,4 %). De nombreux patients groupés en 2013 l’étaient déjà avant. 53,5 % des patients ont été créés dans le logiciel médicotechnique en 2013 et ont donné lieu à 75132 ABOg (1,9 par patient, 6 645 ABOg ≥ 3 dans l’année). Les patients créés avant 2013 ont occasionné 58 753 groupages (1,7 par patient). Mais la plupart ne devrait logiquement être groupée qu’une fois (si un seul ABOg avant ou en cas de doute d’identitovigilance), voire pas du tout. Les cas ≥ 2 représentent 24258 ABOg en 2013. Ajoutés aux précédents ABOg excédentaires, on arrive à 23,1 % d’analyses en excès.

Conclusion. Au moins 10 % des ABOg ne devraient pas être prescrits du fait d’un groupage complet récent. Cette proportion fait plus que doubler si on tient compte des groupages plus anciens. La question de l’accessibilité électronique de la carte de groupe est directement posée ou celle d’un changement plus profond de stratégie transfusionnelle.

10 . Coordination hémovigilance-réactovigilance au niveau national : exemple de gestion coordonnée d’un incident.

I. Sandid, A. Boulestin, A.C. Sailly, E. Pouchol, N. Ounnoughene, L. Aoustin, K. Boudjedir, R. Adda, D. Labbe, N. Ferry

La coordination nationale entre hémovigilance (HV) et réactovigilance (RV) est devenue une réalité au niveau de l’Agence dès 1999. La création de l’ANSM, avec son organisation matricielle, a consolidé cette collaboration entre les directions Produits (PSL et DM-DIV) et la direction de la Surveillance. L’objet de ce travail est d’illustrer le fonctionnement au quotidien entre HV et RV pour gérer des événements concernant à la fois les PSL et les dispositifs médicaux de diagnostic in vitro (DM-DIV) associés. D’un côté, le réseau d’HV permet d’investiguer, très tôt, ses événements auprès des opérateurs, que sont l’EFS et le CTSA, dès qu’il y a suspicion d’impact national de ces événements. D’un autre côté, la RV initie ou complète les investigations via son réseau d’utilisateurs et de fabricants/fournisseurs de DM-DIV. Un exemple démonstratif de cette gestion nationale coordonnée concerne les incidents avec de cartes d’ultime contrôle au lit du malade « Safety Card ABO et AB » (Diagast). Des agglutinations anormales en « A » et « B » de CGR de groupe « A » et de patient de groupe « B » étaient déclarées à l’Agence en quelques mois en 2010–2011 (15 incidents portant sur 13 lots signalés par différents hôpitaux et cliniques). L’action nationale impliquant l’HV et la RV de l’ANSM, le fournisseur et l’EFS et le CTSA a permis : (i) une mise sous surveillance l’ensemble des lots des Safety Card « ABO et AB » ; (ii) une sensibilisation du réseau à déclarer toute anomalie constatée avec ces cartes : (iii) une demande au fournisseur de faire une analyse approfondie, de réévaluer les performances de ses cartes et de mettre en place des actions correctives (modification du procédé de fabrication, renforcement des contrôles etc.). La combinaison des actions de ces vigilances complémentaires a permis, permet et permettra de couvrir l’ensemble des acteurs concernés et de mettre en place les actions nécessaires afin d’éviter que les incidents aient un impact sur la sécurité des patients.

11 . Les effets indésirables donneurs (EID) à l’EFS Ile de France : mise en place d’un nouvel outil de gestion et bilan 2013.

M. Simonet, J.L. Arnoux, L. Hauser, A. Beyloune, F. Charpentier, P. Bierling

Un nouvel outil de gestion des EID a été mis en place à l’EFS Île-de-France en 2013, afin d’en faciliter le signalement et le suivi ainsi que les échanges entre la collecte et l’hémovigilance (unité de gestion des risques et de la qualité UGRQ). Il existait auparavant pour la saisie des EID, un tableau Excel pour chacun des 23 sites fixes et 4 pôles de collecte mobile. Les EID de gravité ≥ 2 étaient signalés par fax à l’UGRQ et les tableaux complets étaient transmis trimestriellement. Depuis 2013, chaque site et pôle et l’UGRQ disposent d’un tableau Excel distinct, informatiquement liés avec accès sécurisé. Cet outil interactif permet de signaler l’EID en temps réel. De plus, toute modification et/ou validation est visible à la fois par le signalant et l’UGRQ. Les données 2013 consolidées en collaboration avec la collecte ont été exploitées par l’UGRQ. Sur les 294 211 dons prélevés, 2877 EID ont été signalés : 85 % de grade 1, 12 % de grade 2 et 3 % de grades 3 correspondant à une incidence pour1000 dons de 8,3 EID pour les grades 1 et 1,5 EID pour les grades 2–3. À la fois pour les EID « mineurs » (grade 1) et les EID « graves » (2–3), l’incidence est plus élevée pour les dons d’aphérèse. Les profils des donneurs les plus à risque sont les femmes, les nouveaux donneurs et les donneurs < 30 ans, excepté pour les grades 3, où l’incidence est plus importante pour les donneurs > 50 ans. Le malaise vagal immédiat représente la majorité des EID (4,82/1000 dons pour les grades 1 et 0,86 pour les grades 2–3), suivi de l’hématome (2,26/1000 dons pour les grades 1 et 0,34 pour les grades 2–3).

La mise en place de ce nouvel outil permet un partage d’information en temps réel, une gestion collaborative et un échange direct entre l’UGRQ et la collecte. Des profils de donneurs les plus à risque et les EID les plus fréquents sont identifiés. L’hémovigilance donneurs contribue à la sécurité du donneur et doit prendre en compte ces résultats pour la poursuite de la démarche.

12 . Surveillance des patients transfusés en ambulatoire.

C. Mandeville, J. Elie, D. Gharbi, P. Leplant, E. Page, M.A. Pallier, E. Pardieu, S. Vaudry, A. Damais-Cepitelli

Introduction. L’objectif de cette enquête est de connaître le temps de surveillance post-transfusionnelle avant la sortie du patient et de comparer les résultats avec ceux d’une première étude en 2008, après une sensibilisation des équipes de soins et la mise en place d’un document d’information aux patients mentionnant les symptômes à surveiller à domicile et les numéros de téléphone des services à prévenir.

Méthode. L’étude a été menée de novembre 2013 à mai 2014. Pour chaque patient, nous avons relevé l’heure de pose du dernier PSL, l’heure de fin de transfusion et l’heure de sortie du patient. Un questionnaire a été remis aux patients pour identifier les éventuels symptômes ressentis à domicile.

Résultats. Quarante-sept patients ont été transfusés au cours de 81 séjours en ambulatoire. L’âge moyen des patients est de 75 ans (en excluant deux patients de pédiatrie). Le délai moyen de sortie après une transfusion en 2008 était de 60 min, en 2014, il est de 74 min avec des disparités selon les services soit 14 min supplémentaires. Le temps minimum de surveillance est passé de 10 min en 2008 à 20 min en 2014. La durée moyenne de transfusion d’un PSL est de 71 min. Sur 21 patients ayant répondu au questionnaire, 6 ont présenté des effets secondaires à domicile : douleurs lombaires, douleurs abdominales, urines foncées, essoufflement, frisson. Un patient a contacté son médecin traitant, un autre a pris des médicaments, quatre n’ont rien fait. Le document d’information n’a été remis qu’à 28 patients.

Conclusion. Malgré l’absence de recommandations dans les textes, la sensibilisation des médecins, infirmiers et patients sur les effets indésirables pouvant apparaître après la transfusion et la remise au patient d’une fiche d’information lui rappelant la conduite à tenir en cas de symptômes à domicile ont permis d’améliorer la surveillance des patients transfusés. Les efforts de sensibilisation doivent néanmoins être poursuivis pour que ce document soit remis à tous les patients.

13 . La cartouche intelligente pour transporter les produits sanguins (PSL) au CHRU de Besançon.

V. Bourcier, L. Bardiaux, A. Maurin, V. Moreau, E. Boulanger

Le système automatisé de transport des PSL entre l’EFS et le CHRU (réseau PVC semi-enterré) a été rénové et étendu avec la mise en service de 7 stations dont l’accès est sécurisé par un digicode. L’hémovigilance et l’EFS ont été associés à la rédaction du cahier des charges par la direction des infrastructures et de la maintenance (DISM) permettant d’intégrer les exigences médicales fonctionnelles et sécuritaires. Des cartouches rigides de 160 mm de diamètre circulent sur 3 lignes distinctes entre l’EFS et le CHRU. La multiplication des stations pneumatiques permet : simplicité, rapidité, traçabilité. L’implantation géographique de chaque station a été définie selon les lieux d’activité transfusionnelle et pour limiter le temps d’absence de l’agent du service de soins. Un code couleur identifie chaque ligne et station. Une puce électronique insérée dans le couvercle de la cartouche guide son trajet. Hormis la couleur qui les distingue, chaque station est identique pour en faciliter l’utilisation. Le prestataire, puis l’unité d’hémovigilance ont assuré la formation du personnel en lien avec la direction des soins. Un document portant l’identité du patient est placé dans la cartouche au départ pour obtenir la remise des PSL en retour. L’agent doit rester présent dans la station pendant tout le temps d’occupation de la cartouche. Un boîtier lumineux lui permet de suivre les actions, mais il peut à tout moment échanger téléphoniquement avec l’EFS. Lorsqu’il quitte la station, il doit impérativement replacer la cartouche sur son support. Une procédure dégradée en cas de panne est affichée dans chaque station et consultable sur l’intranet de l’établissement. La maintenance technique est assurée par la DISM, la direction des soins a nommé un cadre de santé responsable de chaque station pour l’hygiène et l’entretien. Une qualification de l’ensemble du réseau a été réalisée avant la mise en production, puis validée en CSTH. Les 3 objectifs majeurs sont atteints.

14 . Premier audit sur les prélèvements de groupage sanguin suite à l’édition de 2 cartes de groupe sanguin erronées au centre hospitalier de la région d’Annecy.

C. Corront, C. Deruaz Cunsolo

Méthode. Trois phases : (1) Recueil de toutes les déterminations de groupage sanguin arrivées à l’EFS par système pneumatique semaine 41 (du 7 au 13 octobre 2013) ; (2) comptage des sachets « parachutes » contenant 2 déterminations de groupe sanguin provenant d’un même service et pour un même patient. TOTAL : 212 prélèvements – 120 conformes – 92 à analyser, (3) audit des préleveurs pour ces 92 prélèvements : 64 prélèvements conformes (2 actes de prélèvement différents) restent 28 prélèvements à explorer : tous relèvent d’un non-respect des bonnes pratiques de prélèvement : 10 déterminations en urgences pédiatriques (pratique habituelle en raison du jeune âge des enfants, notion « d’affecte », stress, capital veineux restreint), 8 au SAU sans prescription de PSL associés (non-respect de la procédure qui stipule que le SAU prélève la 1re détermination, à charge du service qui reçoit le patient d’effectuer le 2e prélèvement si transfusion), 2 en neurologie (patient violent-1 seul prélèvement, 2 IDE pour vérifier son identité au moment du prélèvement), 2 en neurochirurgie, 4 en chirurgie thoracique, 2 en chirurgie viscérale (bilan préopératoire).

Conclusion. Panel de recueil des données suffisant. Persistance de mauvaises pratiques (18/212) rappels des bonnes pratiques de prélèvement aux agents concernés. Cas particulier de la pédiatrie (10/212) : alerte médecin responsable et cadres infirmiers pour définir une pratique adaptée : 2 IDE auprès de l’enfant pour vérifier son identité, 1 seul acte de prélèvement. Pratique réfutée après présentation au CSTH, proposition validée : au moment de la prise en charge de l’enfant ou d’un patient en situation particulière, ne prélever qu’une détermination de groupe sanguin. Si transfusion en urgence, prélever le 2e groupe, l’envoyer à l’EFS qui délivrera dans l’attente des résultats un CGR O. Envoi des résultats de l’audit à tous les cadres, nouvel audit des pratiques à l’automne 2014.

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