Sessions simultanées

Session 1 : Risque infectieux : réflexion et actualités

1- Estimation d’un risque transfusionnel émergent : l’exemple du VHE.

J. Pillonel, P. Gallian, C. Sommen, E. Couturier, Y. Piquet, R. Djoudi, S. Laperche, pour le comité de pilotage de la surveillance épidémiologique des donneurs de sang.

Objectif. L’évaluation du risque transfusionnel est une étape indispensable qui doit précéder toute stratégie de dépistage d’un agent pathogène transmissible par transfusion. Suite à la survenue de plusieurs cas de transmission par transfusion du VHE en France, une évaluation de risque pour ce virus a été réalisée.

Méthode. Nous avons utilisé une méthode basée sur la prévalence de l’ARN-VHE sur les dons de plasma servant à la préparation du plasma PFC-SD. Pour estimer cette prévalence sur l’ensemble des dons, les données ont été redressées sur les facteurs de risque du VHE (sexe, âge et région de résidence) en faisant l’hypothèse qu’ils étaient identiques chez les donneurs de plasma et de sang total.

Résultats. Parmi les 57 101 dons de plasma testés en 2013, 24 étaient ARN-VHE positifs (taux brut de 4,2 pour 10 000 dons). Après redressement, le nombre total de dons de sang ARN-VHE positifs a été estimé à 788, soit un taux de 2,65 pour 10 000 dons (IC 95 % : 1,6–3,7) ou 1/3800 dons (1/6200–1/2700). Ce taux est 12 fois plus élevé chez les hommes que chez les femmes, augmente avec l’âge et varie selon la région.

Conclusion. Le risque de contamination d’un don de sang par le VHE a été estimé à 1 pour 3800 dons en 2013. Une donnée essentielle est toujours manquante pour évaluer maintenant ce risque chez les receveurs : la dose minimale infectieuse. De plus, ce risque-receveur devra être évalué selon les caractéristiques des patients transfusés : présence d’une immunité anti-VHE, existence d’une hépatopathie chronique ou d’une immunodéficience.

2 – Pertinence des mesures sécuritaires transfusionnelles vis-à-vis du HTLV en 2014.

S. Laperche, J. Pillonel.

Dans les pays industrialisés, à l’heure où la sécurité virale des produits sanguins a atteint un niveau des plus hauts, et où la maîtrise des dépenses publiques fait régulièrement discuter le rapport coût-efficacité des mesures sanitaires, la révision globale des mesures sécuritaires transfusionnelles qui se sont accumulées durant les quatre dernières décennies semble légitime. À ce titre, la prévention de l’infection par le Human T-cell Lymphotropic Virus (HTLV) par la transfusion, dont le risque résiduel est aujourd’hui estimé à 1 pour 20 millions de dons en France métropolitaine sans prise en compte de la déleucocytation, semble un des candidats prioritaires dans ce débat. En effet, son éviction de la chaîne transfusionnelle passe conjointement par un dépistage universel des anticorps et par la déleucocytation des produits sanguins labiles, procédé qui pourrait être à lui seul suffisant pour ce virus intra-leucocytaire exclusif. Pour alimenter le débat, nous avons réalisé des estimations sur la base des données existantes. Actuellement, la probabilité qu’un accident de déleucocytation affecte un don HTLV positif a été estimé à 1 pour 178 millions. Dans l’éventualité d’un abandon du dépistage des anticorps anti-HTLV en métropole, la probabilité de survenue d’une pathologie sévère consécutive à la transmission transfusionnelle de l’HTLV serait de 1 à 2 receveurs par an en l’absence de déleucocytation, et d’un receveur tous les 192 ans pour 10 % de défaillance du processus de filtration. Malgré un risque qui semble pourtant pleinement maîtrisé, le seul argument qui pourra permettre de remettre en question le dépistage viendra de la preuve incontestable de l’innocuité des produits sanguins, aujourd’hui grâce à la déleucocytation et demain au travers des procédés d’inactivation des pathogènes.

3 – Virus de l’hépatite E, implications en transfusion sanguine.

P. Gallian, Y. Piquet, A. Assal, R. Djoudi, J. Chiaroni, J. Izopet, P. Tiberghien.

Le virus de l’hépatite E (VHE) est un virus à ARN non enveloppé. Le mode principal de transmission interhumaine est lié à une contamination par voie orofécale. Les cas autochtones observés dans les pays industrialisés sont dus aux génotypes 3 et 4 qui ont un réservoir animal. L’homme se contamine par ingestion de viandes crues ou mal cuites. Dans la majorité des cas, les infections VHE 3 et 4 sont asymptomatiques. Toutefois, le génotype 3 peut être responsable de formes chroniques chez les patients immunodéprimés, en particulier les transplantés et les patients en oncohématologie. En Europe, la transmission par produits sanguins a été démontrée formellement pour le génotype 3 (VHE 3). Les données de séroprévalence IgG et de prévalence de l’ARN VHE sont élevées en France comme dans de nombreux pays européens, ce qui traduit une circulation du virus importante. Le test systématique des dons de plasmas destinés au traitement par solvant détergent montre qu’environ 1 don sur 2218 collectés est infecté par l’ARN du VHE. La nécessité et les modalités de mise en œuvre de mesures de prévention de la contamination du VHE par les produits sanguins sont en cours de réflexion en France comme dans d’autres pays européens. Le dépistage du génome viral est le seul moyen de prévention susceptible d’être utilisé. Différentes stratégies visant à tester en unitaire ou en mini-pool tout ou partie des dons de sang sont en cours d’investigation.

 

Session 2 : Stratégies et seuils transfusionnels

1 – Pertinence des transfusions de concentrés de globules rouges homologues.

A. Wolf, H. Thefenne, P. Hance, E. Garnotel, C. Roche-Longin.

Introduction. Les transfusions de concentrés de globules rouges homologues et leurs indications sont encadrées par des textes réglementaires élaborés par l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) et la Haute Autorité de santé (HAS). L’augmentation des besoins en produits sanguins et le contexte de tension de l’approvisionnement rendent indispensables d’harmoniser les pratiques transfusionnelles et par conséquent de respecter les recommandations émises par les experts. Nous avons évalué la pertinence des prescriptions de CGR dans notre établissement.

Matériels et méthodes. Nous avons mené une étude prospective dans le but de confronter les données cliniques et biologiques ayant motivé les transfusions aux recommandations émises par l’ANSM.

Résultats. Durant la période étudiée, 155 prescriptions (soient 300 CGR) ont été analysées. Les anémies aiguës représentaient le motif de prescription majoritaire (54,8 %) en regard des anémies chroniques (33 %) ou mixtes (8,4 %). Le motif restait inconnu dans 3,8 % des cas. Parmi les 18 prescriptions considérées comme non pertinentes a priori, 11 d’entre elles entraient dans le cadre des anémies chroniques et étaient émises en majorité par les services qui transfusaient le moins. Par ailleurs, si la moitié de ces transfusions étaient réalisées pendant les périodes de garde, elles étaient pour 80 % d’entre elles prescrites en urgence relative.

Conclusion. Cette étude de pertinence des prescriptions de CGR permet d’évaluer la pratique des prescripteurs de CGR en regard des recommandations de l’ANSM. Elle constitue un état des lieux permettant de cibler les actions correctives à mener. Il s’agit notamment de sensibiliser les prescripteurs par des séances de formation continue. Nous proposons également de mener une enquête relative aux connaissances des personnels médicaux et paramédicaux concernant les indications de tous les produits sanguins labiles.

2 – La dépendance transfusionnelle au diagnostic et le besoin transfusionnel lors de la chimiothérapie d’induction sont associés à un mauvais pronostic dans les leucémies aiguës myéloïdes de l’adulte.

G. Cannas, H. Dolange, J. Fattoum, M. Raba, M. François, X. Thomas.

Mille soixante-sept patients présentant une LAM traitée par une chimiothérapie associant anthracycline et aracytine, entre 1985 et 2006, ont été étudiés pour leur dépendance transfusionnelle au diagnostic et leur besoin transfusionnel en cours d’induction. Le besoin transfusionnel a été défini selon les recommandations habituelles : plaquettes < 20 G/L et hémoglobine < 80 g/L. La médiane d’âge était de 60 ans. Les besoins transfusionnels en globules rouges comme en plaquettes au diagnostic étaient associés à un taux de réponse plus faible après une (p = 0,002 et p = 0,01) ou deux cures (p = 0,04 et p = 0,03) d’induction. Le besoin transfusionnel n’était pas corrélé à la survie sans maladie, mais à la survie globale avec une médiane de 10,8 mois pour les patients avec un besoin transfusionnel en globules rouges contre 18,8 mois pour ceux sans besoin transfusionnel (p = 0,02). La médiane de survie était de 6,8 mois pour les patients avec un besoin transfusionnel en plaquettes contre 13,6 mois pour ceux sans besoin transfusionnel (p = 0,01). Les besoins transfusionnels en globules rouges et en plaquettes au diagnostic étaient corrélés (p = 0,001). Les deux étaient aussi corrélés à des antécédents de myélodysplasie (p = 0,01 et p = 0,03). Le besoin en globules rouges était lié aux antécédents d’autres cancers (p = 0,007). Le besoin en plaquettes était associé au sexe masculin (p = 0,009), à la présence d’une splénomégalie (p = 0,009) et aux sous-types FAB M0, M6 et M7 (p = 0,0003). Un nombre moyen de transfusion par semaine a été calculé pendant le premier cycle de chimiothérapie afin d’évaluer le besoin transfusionnel lors de la période d’aplasie post-chimiothérapie. La sévérité du pronostic augmentait avec le besoin transfusionnel en globules rouges comme en plaquettes. Le besoin transfusionnel a aussi été évaluée en analyse multivariée incluant les principaux facteurs pronostiques connus. Différentes hypothèses sont discutées.

 

Session 3 : Drépanocytose

1 – Physiopathologie de la drépanocytose.

P. Renaudier

La drépanocytose est liée à l’inversion d’une paire de base (A=T → T=A). Le sixième codon de la chaîne β de la globine [GAA] devient [GTA]. En conséquence, le sixième acide aminé (acide glutamique, chargé négativement) est remplacé par une valine, hydrophobe. Un site hydrophobe est donc présent sur l’extérieur de la chaîne β de l’HbS. Celui-ci contracte une liaison hydrophobe avec la phénylalanine en position 85 et avec la leucine en position 88, qui s’externalisent dans la désoxyhémoglobine. Il se crée donc un polymère d’HbS qui déforme le globule rouge et entraîne la crise vaso-occlusive au pôle veineux du capillaire. À cette conception classique, se sont ajoutés les rôles du monoxyde d’azote et du tonus vasculaire, de l’augmentation de l’adhérence des globules rouges à l’endothélium, des lésions du globule rouge induites par l’HbS : déshydratation, sénescence, formation de microvésicules. Si ces progrès dans la connaissance de la physiopathologie n’ont pas encore eu d’application clinique, celles-ci vont arriver un jour. Il est donc particulièrement important de poursuivre en France la structuration du réseau de drépanocytose dans l’optique de mettre en place des essais multicentriques le jour venu.

2 – Impact de la biologie moléculaire sur la consigne transfusionnelle.

C. Izard, J. Gouvitsos, E. Durieux-Roussel, P. Bailly, M. Silvy, I. Dettori.

La détection de variants RHCE peut générer des difficultés de mise à disposition de CGR pour assurer la sécurité transfusionnelle. Nous avons fait un état des lieux des variants du gène RHCE détectés à l’EFS-AM et les modifications éventuelles de la consigne transfusionnelle en fonction des résultats : nous avons étudié de façon rétrospective sur une durée de 18 mois, de janvier 2012 à juin 2013, les résultats de 154 patients ayant bénéficié d’examens complémentaires de biologie moléculaire du gène RHCE soit en cas de suspicion de variants (si ambiguïté phénotypique), soit dans le cadre systématique de pathologies (43 patients drépanocytaires). Nous retrouvons les mutations les plus fréquemment décrites dans la littérature (allèles RN, ceMO, (C)ces, ces, E type IV). Pour 50 patients (32,5 %), la consigne transfusionnelle est restée inchangée : aucun variant n’a été détecté pour 33 patients et une mutation de l’antigène RH5 à l’état hétérozygote sans impact sur la consigne transfusionnelle a été retrouvée chez 17 patients. Pour 26 patients (16,9 %), la biologie moléculaire a permis de détecter des variants de type « antigène faible » considérés comme positifs et sans impact sur la consigne transfusionnelle. Pour 78 patients (50,6 %), nous avons retrouvé un variant du gène RHCE de type « partiel » qui a conduit à modifier la consigne transfusionnelle en négatif pour un des antigènes RHCE considéré. Au final, 42 patients ont basculé en phénotype RH : 1,–2,–3, 4, 5 alors qu’ils étaient de phénotype « courant » RH : 1, 2,–3, 4, 5 ou RH : 1,–2, 3, 4, 5 et 23 patients ont basculé en phénotype RH : 1,–2, 3, 4,–5 (11 étaient de phénotype RH : 1, 2, 3, 4, 5 et 12 de phénotype RH : 1,–2, 3, 4, 5). Dans le dernier groupe, la présence de variants RHCE génère une modification de la consigne transfusionnelle en RH-2 et/ou RH-5 dans 83,3 % des cas après exploration en biologie moléculaire, majorant ainsi les besoins en CGR de phénotypes peu fréquents RH–2,–3 ou RH–5.

3 – Contribution de la technique d’élution directe à la découverte d’une nouvelle allo-immunisation chez les patients transfusés présentant un TDA positif.

F. Flourie, M. Ghazi, S. Duboeuf, H. Benamara.

Le risque d’allo-immunisation augmente avec le volume transfusé, la fréquence des transfusions et l’immunogénicité des différents antigènes de groupes sanguins. L’objectif de cette étude est de déterminer l’apport de l’élution directe dans la découverte d’une nouvelle allo-immunisation devant une positivité du TDA en cas d’antécédents transfusionnels récents (moins de 3 mois).

Matériel et méthodes. L’étude a été réalisée chez 99 patients transfusés dans les 3 mois ayant un TDA positif. La technique TDA est une technique gel filtration qui permet la mise en évidence des anticorps anti-IgG ou anti-C3d avec une interprétation de la positivité semi quantitative (1+, 2+, 3 + ). La technique d’élution directe en milieu acide permet de détacher les anticorps fixés sur les GR. L’éluât est testé sur un panel d’identification en TIA Liss filtration.

Résultats. Quatre-vingt-neuf patients avaient un TDA positif IgG et 10 IgG + C3d, 31 étaient déjà immunisés et dont 6 anticorps identifiés étaient dus à des anti-D passifs (injection de γ globulines anti-RH1). Après élution et identification, 57 patients ne présentaient pas d’alloimmunisation, un auto anticorps a été mis en évidence chez 28 patients et les anticorps de 11 patients déjà immunisées ont été identifiés dans le sérum. Trois nouvelles alloimmunisations ont été découvertes : 1 anti-Jk2 chez un patient déjà immunisé par un anti-Fy1, 1 anti-Jk1 et 1 anti-Fy1.

Conclusion. L’étude réalisée sur des patients transfusés dans les 3 mois montre une nouvelle alloimmunisation pour 3/99 soit un taux de 3 %. La revue bibliographique montre des conclusions identiques. Ce faible pourcentage ne justifie pas de faire l’élution en systématique lors de la mise en évidence d’un TDA positif chez les patients transfusés. Cette technique sera réalisée au cas par cas lors de transfusions inefficaces ou dans le cadre du bilan d’effet indésirable receveur. Un biais dans cette étude, lors de l’identification réalisée sur l’éluat, les anti-A et anti-B n’ont pas été recherchés.

 

Session 4 : Fer : trop ou trop peu et résultats de l’étude SFVTT

1 – Évaluation de la prévalence de l’hémosidérose post-transfusionnelle, étude SFVTT-01 : résultats préliminaires du groupe de travail de la SFVTT.

S. Leo-Kodeli, P. Renaudier, B. Lassale.

Bien que la notification de l’hémosidérose post-transfusionnelle soit obligatoire depuis 1994 dans le réseau français d’hémovigilance, celle-ci est jusqu’ici très largement ignorée.

Patients et méthodes. Nous avons recensé 42 443 patients hospitalisés pour maladie du sang en France en 2009 et 2010, puis déterminé, quels patients avaient reçu plus de 20 CGR. Parmi eux, nous avons sélectionné ceux qui avaient eu au moins un dosage de ferritine et ceux dont la ferritine était supérieure ou égale à 1 000 ng/mL.

Résultats. Trois mille huit cent douze patients (9 %) ont reçu plus de 20 CGR, 1 935 (4,5 %) ont eu un dosage de ferritine, qui était élevé chez 1 216 patients (2,9 %). Huit cent quatre-vingt-un patients ont fait l’objet d’une déclaration en hémovigilance. Quarante-neuf pour cent présentaient une myélodysplasie à faible risque ou une leucémie aiguë, 7 % une hémoglobinopathie. L’hémosidérose était asymptomatique pour 680 patients (77 %), grave pour 188 (88 %) et menaçait le pronostic vital immédiat pour 11 (1 %). Deux patients sont décédés d’insuffisance cardiaque terminale. Les hémosidéroses les plus graves (grade ≥ 2) concernaient les myélodysplasies à faible risque et les aplasies médullaires idiopathiques. Quatre-vingt-douze pour cent des thalassémies et 46 % des drépanocytoses ont reçu un chélateur du fer. Pour les myélodysplasies à faible risque et les aplasies médullaires idiopathiques, 228 des 317 patients, dont on connaît le traitement et qui auraient pu bénéficier d’une chélation (72 %), n’en ont pas reçu.

Conclusion. Ces résultats incitent à rechercher la transmission optimale de l’information (plus de 20 CGR) vers le clinicien et à prolonger l’action d’hémovigilance vers une déclaration plus exhaustive de l’hémochromatose post-transfusionnelle.

2 – Carence en fer et troubles digestifs.

G.J.N. Cozon.

L’anémie par carence martiale reste encore une problème mondial. Le déficit en fer sans anémie est souvent sous-diagnostiqué. Dans cette étude, nous faisons une revue des symptômes et syndromes associés à un déficit en fer avec ou sans anémie : fatigue, fonctions cognitive, syndrome des jambes sans repos, perte de cheveux, et insuffisance cardiaque chronique. Le fer est absorbé au niveau du tube digestif. L’hepcidine et la ferroportine sont les principales protéines de régulation de l’absorption du fer. Des micro-organismes pathogènes ou la dysbiose intestinale pourraient avoir un rôle sur l’absorption de fer.

3 – Une stratégie restrictive permet de réduire le nombre de culots globulaires transfusés chez les patients recevant une allogreffe de cellules souches hématopoïétiques.

J.B. Méar, S. Chantepie, A.C. Cac, A. Bazin, O. Reman.

Objectif. Le nombre de transfusions augmente plus vite que le nombre de dons. De plus, un excès de transfusions pourrait s’avérer délétère sur la survie à long terme des patients atteints d’hémopathie maligne. L’idée est de réduire le nombre de culots globulaires (CGR) utilisé en ne transfusant qu’un seul CGR à la fois chez ces patients hospitalisés.

Matériel et méthodes. Il s’agit d’une étude prospective monocentrique réalisée de janvier à décembre 2013, avec un comparateur historique (janvier 2010–décembre 2012). Évaluant le nombre de CGR transfusé/séjour après admission pour chimiothérapie d’induction de leucémie aiguë, ou allogreffe de cellules souches hématopoïétiques (alloHSCT). La transfusion était réalisée si le taux d’hémoglobine était < 80 g/L ou si l’anémie était mal tolérée. L’analyse est faite en intention de traiter. Les résultats sont en moyenne ± déviation standard.

Résultats. Soixante-quinze patients ont été inclus dans le bras 1 CGR et Cent quatre-vingt quatorze analysés dans le bras 2 CGR. La répartition était homogène entre les 2 groupes pour l’âge, le sexe, la pathologie et le type de traitement. Il n’y a pas de différence significative en nombre de CGR/séjour entre les 2 groupes (7,92 ± 5,39 vs. 9,27 ± 7,42, p = 0,18). La stratégie restrictive permet d’économiser un CGR/séjour (75 CGR/an pour notre centre). Dans l’analyse de sous-groupe, les patients allogreffés du groupe 1CGR (n = 23) reçoivent significativement moins de CGR que ceux du groupe 2 CGR (n = 81) (4,13 ± 4,34 vs. 7,51 ± 8,96, réduction de 45 %. p = 0,0058). L’économie dans ce groupe est de 3CGR/séjour soit 69 CGR/an pour notre centre. Le nombre d’anémies symptomatiques et d’effets indésirables était équivalent entre les 2 groupes.

Conclusion. La stratégie de transfusion d’1 CGR n’est pas inférieure à la stratégie 2 CGR et permet de réduire de 45 % les CGR transfusés chez les patients allogreffés. Un protocole prospectif multicentrique randomisé est en cours pour valider ce résultat.

 

Session 5 : Transfusion plaquettaire et incompatibilité immunologique

1 – Stratégies d’exploration de l’allo-immunisation plaquettaire pour la prévention et la prise en charge des inefficacités transfusionnelles plaquettaires.

A. Basire, C. Picard.

Chez les patients présentant des besoins transfusionnels plaquettaires importants et récurrents, la survenue d’un état réfractaire à la transfusion plaquettaire est un enjeu majeur. Les causes en sont multiples, qu’elles soient non immunologiques ou immunologiques. Les conflits allo-immuns en transfusion plaquettaire impliquent fréquemment les antigènes du complexe majeur d’histocompatibilité, en particulier les molécules HLA de classe I (Human Leucoyte Antigen), et dans une moindre mesure les antigènes spécifiquement plaquettaires (HPA Human Platelet Antigen). Les principales causes d’allo-immunisation sont la grossesse, la transplantation d’organe ou même les transfusions, bien que la déleucocytation ait considérablement diminué la fréquence d’allo-immunisation directe post-transfusionnelle. Après transfusion, la fixation des allo-anticorps sur les antigènes plaquettaires incompatibles conduit à une destruction accélérée par la rate des plaquettes transfusées. Ces dernières années, des technologies innovantes ont été développées pour le diagnostic de ces allo-immunisations, à la fois plus sensibles et plus spécifiques tel que la technique LUMINEX®. La connaissance des avantages mais également des limites de chaque test est essentielle pour la mise en œuvre de nouvelles stratégies diagnostiques pour une meilleure prévention et prise en charge des inefficacités transfusionnelles plaquettaires, incluant une réponse adaptée en fonction du contexte du patient. Ces tests permettent une sélection de concentrés plaquettaires HLA ou HPA identiques ou compatibles à partir du profil immunologique du patient ou d’une analyse épitopique HLA. Des études prospectives doivent être menées pour confirmer le bénéfice apporté par ces nouvelles technologies et l’harmonisation des stratégies de prise en charge des conflits allo-immuns en transfusionnelle plaquettaire.

2 – Prise en charge de l’état réfractaire plaquettaire des hémopathies malignes. L’expérience IPC-EFSAM.

I. Dettori, P. Ladaique.

L’état réfractaire plaquettaire est une complication des traitements transfusionnels pouvant se révéler dramatique en onco-hématologie. Les traitements chimiothérapeutiques des hémopathies malignes ou les conditionnements d’allogreffes de cellules souches hématopoïétiques nécessitent des besoins transfusionnels plaquettaires itératifs. La découverte d’un état réfractaire ainsi que sa prise en charge doivent être les plus réactives possible mais aussi adaptées à la cause. Dans les cas d’allo-immunisation, celle-ci peut être anticipée. Le but de cette présentation est de rappeler les différentes étiologies et d’effectuer un retour d’expérience sur la prise en charge transfusionnelle plaquettaire des patients onco-hématologie adulte du centre de lutte contre le cancer de l’Institut Paoli-Calmettes (IPC) de Marseille en partenariat avec l’EFSAM.

3 – Transfusion plaquettaire et iso-immunisation anti-Rh1 : intérêt de la séroprévention.

H. Chambost.

En l’absence d’expression des antigènes Rhésus par les plaquettes, les globules rouges résiduels exposent les receveurs de transfusions de concentrés plaquettaires (CP) incompatibles au risque d’iso-immunisation anti-D. Le principal risque théorique lié à cette réponse immunitaire concerne les sujets de sexe féminin pour d’éventuelles situations obstétricales d’incompatibilité Rhésus materno-fœtale. La transfusion de CP isogroupes dans ce système est donc privilégiée. Cependant, les fréquentes transfusions Rhésus incompatibles qu’imposent des contraintes logistiques justifient dans cette situation la recommandation de séroprévention par immunoglobulines anti-D chez une fille en âge de procréer. Cette recommandation, déjà restreinte à un groupe de patients, mérite d’être remise en question plus de dix ans après avoir été émise. La littérature est d’interprétation difficile du fait du caractère hétérogène des rares séries (type de CP, statut immunitaire, recul). On retient cependant que les techniques actuelles de préparation et le recours plus fréquent à des CP d’aphérèse ont restreint le risque d’immunisation. De plus, les transfusions plaquettaires concernent tout particulièrement des populations immunodéprimées dont au moins une partie (receveurs de chimiothérapies lourdes et/ou de greffes de cellules souches hématopoïétiques) semble protégée de ce risque. Ceci interpelle d’autant plus que les conséquences cliniques envisagées à distance d’une telle immunisation ne sont pas rapportées. Même si certaines publications soulignent des taux d’iso-immunisation non négligeables (maximum de 19 %), les différences observées selon le terrain et l’absence d’évidence de conséquences cliniques suggèrent d’évaluer les recommandations, voire de les réviser en ciblant encore plus les indications de séroprévention.

 

Session 6 : Hémovigilance donneurs

1 – L’information post-don, le quatrième sous-processus de l’hémovigilance.

J.-Y. Py, I. Sandid, S. Jbilou, M. Dupuis, R. Adda, D. Narbey, R. Djoudi.

L’information post-don est une information concernant le donneur ou son don, découverte après un don de sang et susceptible de compromettre la qualité ou la sécurité des produits sanguins issus de ce don ou de dons antérieurs. Elle ne rentre pas dans le champ des précédents sous-processus de l’hémovigilance, les effets indésirables donneurs ou receveurs et les incidents de la chaîne transfusionnelle. Un acte officiel devrait donc prochainement la reconnaître comme le quatrième sous-processus et en préciser la gestion. Pour autant, elle est une réalité pour le réseau d’hémovigilance depuis de nombreuses années. Les données de l’année 2013 sont présentées, tant pour leur signalement au sein des établissements de transfusion sanguine que pour la déclaration de certaines d’entre elles auprès des autorités nationales. Comme les autres sous-processus de l’hémovigilance, la gestion de l’information post-don est marquée par une certaine hétérogénéité qui tient à l’interprétation, plus subjective qu’objective, des risques qu’elle fait courir. Il serait souhaitable que, parallèlement à la reconnaissance officielle qui s’engage, un travail consensuel soit réalisé pour rapprocher les points de vue des professionnels concernés.

2 – Analyse rétrospective de 326 séroconversions donneurs entre 2000 et 2012.

M.F. Leconte des Floris, J. Pillonel, S. Laperche, L. Hauser, C. Lefort, J.Y. Py, I. Herve, R. Djoudi, Le Réseau national d’hémovigilance de l’EFS.

Introduction. Toute séroconversion virale chez un donneur remet en cause la sécurité des produits sanguins labiles issus du ou des dons antérieurs (fenêtre silencieuse). L’hémovigilance de l’EFS est impliquée dans la gestion des enquêtes descendantes et dans le suivi épidémiologique des donneurs par le recueil des facteurs de risque communiqués à l’Institut de Veille Sanitaire (InVS).

Méthodologie. En collaboration avec l’InVS et l’INTS, le réseau d’hémovigilance a effectué une étude nationale rétrospective de toutes les séroconversions VIH, VHB (Ag HBs), VHC et HTLV survenues entre 2000 et 2012 dans un délai d’apparition ≤ 3 ans par rapport aux dons antérieurs. L’étude a porté sur :

– le profil des donneurs concernés (sexe, âge, facteurs de risque) ;

– la qualité du suivi par la collecte ;

– le résultat des enquêtes descendantes relatives aux dons antérieurs (présence de l’ARN ou l’ADN viral/anticorps sur la paillette de biothèque, PSL transfusés, suivi des receveurs).

Résultats. Trois cent vingt-six cas ont été rapportés dans la période : 176 VIH, 50 VHB, 76 VHC et 24 HTLV. Trois cent neuf (94,7 %) ont pu être exploités :

– parmi les 287 donneurs revus, un facteur de risque a pu être identifié dans 78 % des cas.

– l’analyse préliminaire des enquêtes descendantes n’a pu porter que sur 227 cas :

– l’analyse rétrospective sur la paillette a été pratiquée dans 84,5 % des cas.

– seuls 32 % des receveurs ont pu être testés, 38 % étant décédés, les autres perdus de vue ou non recherchés.

Pour le VHB, la PCR du don antérieur était positive dans 3 cas (< 2010) : un seul receveur a été contaminé, un était immunisé (hépatite guérie) et un n’a pas été contaminé (faible charge virale). Aucun cas de don antérieur virémique n’a été mis en évidence pour le VHC et le VIH.

Conclusion. Au-delà de l’analyse des résultats des enquêtes descendantes sur 13 années, cette étude a permis d’évaluer les différents aspects de cette mission du réseau d’hémovigilance. Elle souligne l’intérêt de l’apport du DGV pour l’hépatite B.

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